Acier, froideur, stress et cadence effrénée. Lourdeur, épuisement mental, répétition et gestes conditionnés par des procédures jamais remises en question. Heureusement la cloche sonne et la journée à l’usine est finalement terminée.
L’ouvrier était assommé par une dure journée au travail. Il décida donc de s’arrêter un instant dans un petit boisé qu’il croisait tout les jours sur la route du boulot mais dont il n’avait jamais pris la peine d’aller voir. La routine du soir à la maison pouvaient bien attendre. C’était une magnifique journée et il allait retrouver sa douce un peu plus tard car elle avait rendez-vous avec une amie.
Il stoppa sa voiture et marcha quelques pas pour rejoindre l’entrée du parc. En s’engageant dans le petit chemin balisé, il était touché par cette radiance tamisée par les arbres. Durant le jour, l’absence de lumière naturelle dans les murs de l’usine l’avait privait d’une énergie substantielle. La redondance des bruits de machines faisait maintenant place à un rythme plus lent et une mélodie plus légère. Les bruits assourdissants des engins mécaniques et des automates frénétiques marchait encore en écho dans sa tête. Cela n’empêchait pas la bonne humeur monter en lui à chaque pas qu’il effectuaient. La lumière tachetée sur son visage lui donnait un air plus radieux. De subtiles odeurs étaient confinées dans ce petit lot de verdure lui-même compressé à l’intérieur de cette lourde ville. Le temps se dilatait quelque peu.
Sa marche l’emmena à rencontrer des gens souriants. Certains joggaient, d’autres contemplaient. Chacun sa vitesse. Ils ont de belles vies estimait-il. Il repensait à ses enfants qui, cette semaine là, étaient chez leur maman. Ah oui, les joies de la garde partagée se disait-il. Un peu plus de temps pour se reconstruire et pouvoir réfléchir à comment maximiser son temps avec eux à leur retour. Le rendement, encore le rendement. Il avait du mal à décrocher complètement.
Après un peu plus d’une heure passer au contact de la nature, il retourna quand même avec plus de légèreté à la maison. Il profita de ce moment de solitude pour faire des choses pour lui. Tout était simple. À son retour, sa conjointe fut surprise de le voir attentionné. Il l’embrassa tendrement. Certains petits détails lui échappaient encore, mais une nouvelle partie d’elle s’était offert à lui. Ils étaient heureux.
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2 Noyers cendrés, Parc LaFrayère, Boucherville.
© Texte et image par Marc-André Huot.
« Alors que, selon l’opinion de la bonne société, se laisser aller à la contemplation est la faute la plus grave que puisse commettre un citoyen, selon l’opinion la plus cultivée c’est la seule occupation correcte pour l’homme ». – Oscar Wilde